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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 11:41

Mezri haddad, le philosophe solitaire qui a prédit l'avenir : «Prélude au choc des civilisations»  Article à lire absolument !

« Si le scénario d'une guerre éclair et propre est déjà caduc, celui d'une contagion démocratique qui affectera l'ensemble des pays musulmans relève carrément de la fiction hollywoodienne. » Mezri haddad 2003 Liberation

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Un ancien article de Mezri Haddad, publié dans le journal français 
/Libération/, le 15 avril 2003, circule beaucoup sur le Net depuis 
quelques jours. Il est titré « Prélude au choc des civilisations ». 
Notre penseur national analyse les conséquences géopolitiques de la 
guerre des USA contre l'Irak et il accuse les néoconservateurs 
américains de pousser le monde arabe dans le chaos de l'islamisme. Comme 
la « Vampirisation de l'islam », son article publié dans /Le Monde/ en 
2009, que nous venons de reproduire, l'article de /Libération/ est d'une 
lucidité remarquable. Mezri Haddad écrit :

« Si le scénario d'une guerre éclair et propre est déjà caduc, celui d'une contagion démocratique qui affectera l'ensemble des pays musulmans relève carrément de la fiction 
hollywoodienne.

C'est plutôt le contraire qui risque de se produire : 
une métastase du cancer intégriste sonnant le glas des Etats laïques ou 
semi-laïques qui tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin vers 
la démocratie ». Exactement ce que nous vivons depuis la catastrophe du 
printemps arabe.

Les animateurs de tunisie.secret sont fiers d'avoir été les premiers à 
défendre les positions patriotiques de Mezri Haddad, avec lequel nous 
avons eu un léger malentendu dont nos ennemis sont à l'origine. Nous les 
rassurons tous qu'entre Mezri Haddad et nous, le courant passe toujours 
et que bientôt, notre notre publication passera de blog en site 
professionnel pour démasquer les terroristes islamistes, les traitres 
gauchistes,, les mercenaires des droits de l'homme et, bien sûr, les 
cybercollabos que des agences américaines ont formé pour détruire notre 
pays. Voici l'article de Mezri Haddad dans /Libération/.dernier 

Par HADDAD MEZRI 

Dans son homélie du 26 février dernierdernier le président «très chrétien» des Etats-Unis a prophétisé que «le succès en Irak pourrait ouvrir une nouvelle étape vers la paix et permettre des progrès vers un Etat palestinien vraiment démocratique... Un nouveau régime en Irak serait une très importante source d'inspiration pour les autres nations dans la région». En d'autres termes, que la chute du système baassiste irakien, son remplacement par un régime démocratique, induira comme par enchantement le règlement du conflit israélo-palestinien et provoquera automatiquement une dynamique vertueuse qui se traduira par l'éclipse, partout dans le monde musulman, des autocraties et par l'apothéose de la démocratie. A l'origine de cette Bonne Nouvelle, dans le sens évangélique du terme, l'American Entreprise Institute, le laboratoire des ultraconservateurs et des néofondamentalistes qui approvisionnent en idéologie et en stratégie la Maison Blanche. Selon cet institut beaucoup plus puissant par ses réseaux d'influence que par la pertinence de ses idées politiques ou stratégiques, l'invasion-occupation de l'Irak n'est qu'une «première étape» vers la «libération d'autres pays du Proche-Orient qui vivent sous le joug de tyrans qui soutiennent le terrorisme».

Eurêka, après moult tergiversations et contradictions dans le choix des véritables buts de guerre, nous connaissons enfin les motivations rationnelles, c'est-à-dire politiques et stratégiques, de l'administration américaine. Ainsi, contrairement aux suspicions «malveillantes», voire aux accusations «infamantes» proférées par certains «américanophobes» de la «vieille Europe», la croisade bushienne n'est ni impérialiste, ni colonialiste, ni utilitariste, ni mercantile. Les motivations réelles de l'Amérique seraient profondément altruistes, éminemment morales, intrinsèquement messianiques : faire du Proche-Orient un havre de paix, substituer aux roitelets, oligarques et autres potentats de la région de sympathiques démocrates.

Implanter la démocratie en tyrannie, telle serait donc la nouvelle mission civilisatrice d'une Amérique dopée par sa volonté de puissance et galvanisée par sa vocation eschatologique d'éradiquer le «Mal» pour faire triompher le «Bien». C'est la réactivation du dualisme manichéen que saint Augustin représentait déjà par l'éternel conflit entre civitas dei et civitas diaboli, c'est le combat de Prométhée contre Méphistophélès. Pour les zélotes de l'ultraconservatisme et du néofondamentalisme qui contrôlent l'esprit de Bush, il n'y a pas de cause plus noble, plus juste et plus divine que la démocratisation des Peaux-Rouges de l'Irak et, pourquoi pas, le remplacement du baassisme par le baptisme. Si l'on croit certains journaux américains dont le très sérieux New York Times, les prosélytes de la Convention baptiste du Sud, la seule Eglise aux Etats-Unis à approuver la guerre, disposeraient déjà de campements aux frontières jordano-irakiennes ainsi qu'au Koweït, prêts à secourir «médicalement» et «spirituellement» ce qui restera de la pauvre population irakienne une fois «la colère de Dieu» passée et l'opération «Choc et effroi» achevée.

Régler le conflit israélo-palestinien, imposer par le glaive la démocratie aux Arabes, est un vaste programme, une «noble» et «philanthropique» ambition qu'on aurait tort de ranger au dictionnaire des tartufferies ou de réduire à de vagues élucubrations nostradamussiennes. Le plus tragique dans cette affaire, c'est que le presbytérien George W. Bush croit réellement à sa mission rédemptrice. Et pour cause, les Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Elliot Abrams, Robert Kagan, Richard Perle et autres perles rares du microcosme washingtonien qui n'hésitaient pas à recourir à la théologie pour justifier leur stratégie, avaient fini par persuader leur chef que sa guerre est juste, que les troupes américaines seront accueillies à Bagdad comme des libérateurs, que l'humanité entière finira par rendre au gladiateur de la démocratie, à l'archange de la liberté, l'hommage qu'il mérite. Parce qu'ils n'ont pas de mémoire historique, à l'inverse des Européens, les Américains ne se rendent pas encore compte que le remède qu'ils préconisent est infiniment plus nocif que le mal qu'ils prétendent combattre.

Tels les sauvages de Louisiane décrits par Montesquieu, qui, pour récolter les fruits mûrs d'un arbre n'hésitaient pas à l'abattre car c'est plus commode et plus rapide, les stratèges en antichambre ne réalisent pas que leur scénario paradisiaque pourrait tourner à l'apocalypse. Une offensive militaire contre l'Irak «ouvrirait les portes de l'enfer au Moyen-Orient», avait mis en garde, le 5 septembre dernier, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes qui incarne pourtant bien cette attitude affligeante de la plupart des gouvernements qu'il représente : le verbe haut et le profil bas. Le déroulement de l'expédition militaire, l'occupation des principales villes irakiennes, la chute de Bagdad, semblent démentir les prévisions les plus alarmistes. Mais nous ne sommes encore qu'au début d'un conflit dont les conséquences géopolitiques, diplomatiques, humanitaires, sociales, culturelles et religieuses restent incalculables. La déflagration de la poudrière moyen-orientale ne s'est pas encore produite, mais la mèche est d'ores et déjà bien allumée. Quelques effets secondaires de l'expédition anglo-américaine sont déjà là : anarchie, propension à la guerre civile, la Turquie qui menace d'intervenir, l'Iran qui annonce sa sortie de la neutralité, l'ONU disqualifiée et désormais réduite à ne jouer dans le nouvel ordre national qu'un rôle humanitaire...

Suivant l'exemple de son père qui, la veille de la libération du Koweït et de son régime «très démocratique», avait promis aux Arabes le règlement équitable du conflit israélo-palestinien, George W. Bush a sorti de son chapeau de magicien sa fameuse «feuille de route» qui débouche sur un sens interdit. Hâtivement conçu pour sauver la face aux complices actifs (Koweït, Qatar, Arabie Saoudite) ou passifs (Jordanie, Turquie, Egypte) des Etats-Unis et anesthésier les populations arabes, ce document stratégique n'a pas convaincu Arafat, et Sharon l'a déjà récusé. Nous sommes loin, très loin de la paix concédée par Rabin (il en a payé le prix) et ratifiée par Arafat.

Si le scénario d'une guerre éclair et propre est déjà caduc, celui d'une contagion démocratique qui affectera l'ensemble des pays musulmans relève carrément de la fiction hollywoodienne. C'est plutôt le contraire qui risque de se produire : une métastase du cancer intégriste sonnant le glas des Etats laïques ou semi-laïques qui tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin vers la démocratie.

Comme cela a été écrit par les quelques rares véritables connaisseurs du monde arabo-musulman, et non par les «islamologues» de circonstance ou les «irakologues» de télévision, l'agression contre l'Irak a donné à l'intégrisme musulman une nouvelle raison d'être et de sévir. Pis, en catalysant toutes les frustrations et tous les ressentiments, elle a déjà cristallisé deux courants idéologiques jusqu'alors antagoniques : le nationalisme arabe et le radicalisme islamiste.

Aveuglés par leur succès militaire, déjà occupés par le partage du gros butin, les ultraconservateurs de la Maison Blanche ne savent pas ce que représente Bagdad dans la conscience collective arabe. Ils ignorent que cette ville, aujourd'hui assiégée, est pour les nationalistes ce que Jérusalem est pour les islamistes.

Ils promettaient liberté et démocratie aux Irakiens, paix et stabilité pour toute la région. Ils ont déjà introduit l'anarchie et la discorde tribale et interconfessionnelle en Irak, semé la haine entre juifs, chrétiens et musulmans. L'opération «Choc et effroi» va bientôt se terminer ; le cyclone d'un «choc des civilisations» ne fait que commencer.

Galvanisée par son nationalisme paroxystique, droguée par sa volonté de puissance, la machine militaire américaine s'emballe en menaçant l'équilibre universel et la paix dans le monde. Les quelques prosélytes étasuniens qui, en France, ont soutenu l'expédition néocoloniale anglo-américaine devraient se retenir et réfléchir avant de crier victoire.

Si l'Histoire immédiate leur donne partiellement raison, l'Histoire à moyen et long terme risque de leur donner entièrement tort. Qu'ils méditent la leçon de Tocqueville, le plus fin connaisseur de la démocratie américaine : «Il y a deux choses qu'un peuple démocratique aura toujours beaucoup de peine à faire : commencer la guerre et la finir».

Par HADDAD MEZRI 2003 Liberation

Lire Aussi:   Vampirisation de l'islam, Mezri Haddad

TunisieSecret

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commentaires

M
<br /> Mezri Haddad=bouffon<br />
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