Nous avons trouvé sur le net des photos rares de Mezri Haddad avec des personnalités tunisiennes et étrangères très célèbres.Nous en avons été très surpris, mais nous n'avons pas voulu les reprendre et les publier ici avant d'entrer en contact avec Mezri Haddad pour lui demander de commenter en exclusivité 6 photos.
Il nous a fallu beaucoup de temps pour entrer en contact avec lui . le convaincre de la bonne foi de notre démarche et de l'importance de son témoignage par rapport à ces personnalités. Il a enfin accepté de parler et nous voulons le remercier pour cela.
Nous ne sommes ni ses avocats ni ses juges.
Et voila la premiere partie de l'interview :
Question 1:
Mezri Haddad avec Rached Ghannouchi. C'était où, à quelle
époque et que pensez-vous de lui?
Mezri Haddad : C'était à Londres, chez lui, tout au début des années
1990. C'était ma seconde rencontre avec Rached Ghannouchi.
J'étais ravis de faire sa connaissance et lui aussi par reconnaissance parce que j'étais le seul non islamiste à ce moment là à défendre les islamistes dont les arrestations et les tortures venaient de commencer en Tunisie. Personne, je dis bien personne, ni des compatriotes ni des étrangers, n'ont osé les défendre à ce moment-là. Bien au contraire, la gauche,les progressistes, les libéraux et même certains de la LTDH trouvaient normal que Ben Ali les éradique impitoyablement. C'était leur choix "moral" pour participer au pouvoir. J'ai fait le choix inverse d'attaquer le pouvoir car je considérais qu'on n'a pas le droit de traiter ses adversaires politiques de cette manière violente. C'est à partir de ce moment-là que mes problèmes ont commencé avec le régime qui m'a fiché comme étant un sympathisant islamiste. Beaucoup plus tard, j'ai pris mes distances avec les islamistes pour des raisons multiples, notamment l'ingratitude et l'hypocrisie. Rached Ghannouchi était avec moi un homme sincère, fraternel et fidèle. Ce n'est pas avec lui que j'ai eu des surprises mais avec certains de ses représentants en France, qui l'ont d'ailleurs par la suite quitté. Il n'y a jamais eu un mot de trop entre Rached Ghannouchi et moi. Bien au contraire. Sachez qu'avant d'être politiques, mes critiques de l'islamisme sont nettement philosophiques et théologiques. Ce n'est pas en fréquentant les islamistes que j'ai découvert l'islamisme, mais en fréquentant les livres. En fréquentant les islamistes, j'ai par contre découvert des hommes patriotes, honnêtes et cultivés. Mais j'ai aussi rencontré quelques renégats, malhonnêtes et incultes.
Question 2:
Mezri haddad avec Moncef Marzouki . il était votre meilleur
ami. C'était où, à quelle époque et que s'est-il passé entre vous?
Mezri Haddad : C'était en 1994, à Gif sur Yvette où j'habitais à l'époque, dans la forêt juste derrière chez moi. C'était au moment des élections présidentielles en Tunisie. Moncef Marzouki s'était porté candidat contre Ben Ali, tout comme Ahmed Manaï. Ma maison était son quartier général. Je l'avais activement soutenu en mettant à sa disposition mes
relations avec les médias, les ONG et un certain nombre d'hommes politiques français. J'avais signé à l'époque un article dans Libération titré "L'élection du roi de Tunisie" qui a excité Ben Ali. Dès son retour en Tunisie, Moncef a été arrêté et mis en prison. L'un de ses proches compagnons au sein de la LTDH avait déclaré "Il est bien là où il est". Je me suis mobilisé en France pour le défendre et pour faire pression sur le gouvernement tunisien. Il a été rapidement relâché. Depuis, nous sommes devenus des inséparables. Je relayais en France tout ce qu'il faisait en Tunisie. J'ai fait publier chez un ami éditeur libanais son livre "Al Istiqlâl al-thâni", comme d'ailleurs à la même époque le livre de mon ami Ahmed Talib Ibrahimi, "La crise algérienne" (en arabe). Je suis à l'origine du rapprochement entre Moncef Marzouki, Mohamed Mzali et Rached Ghannouchi. A cette époque, l'ensemble des opposants en Tunisie refusaient tout contacts et toutes collaborations avec ces deux derniers. Les choses ont changé à partir de 1997 lorsque les anciens collabos du régime, les progressistes et les droit-de-l'hommistes, ont rejoints l'opposition. Pour plusieurs raisons,
leur arrivée a provoqué mon retrait de l'opposition. Je n'ai gardé de relations qu'avec Marzouki, Ben Jaffar, Manaï et Mzali, que Dieu ait son âme. Il y avait un projet en élaboration et j'ai décidé d'attendre sa naissance pour reprendre du service dans la lutte contre Ben Ali. C'était le CNLT, un projet de Moncef Lui-même. Il m'avait promis que j'en serais le représentant en France. Lorsqu'on a annoncé la naissance du CNLT en 1998, c'est Kamel Jendoubi qui a été choisi! Ce fut un choc pour moi, une grande blessure morale. Je m'en souviens encore, j'avais appris la nouvelle à mon retour de Bagdad. C'est à partir de cette trahison que j'ai décidé de rompre l'exil, ce que j'ai fait deux ans plus tard, en 2000. Sur les raisons de leur décision, je préfère encore me taire. C'est pas très beau !
Question 3:
Mezri Haddad avec Mustapha Ben Jaffar . il était aussi votre
ami. C'était où, à quelle époque et quelles ont été vos relations avec lui ?
Mezri Haddad : Ce devait être en 1996, chez moi à Gif sur Yvette. Mes relations avec Mustapha Ben Jaffar étaient et sont restées d'ailleursmême après mon retour en Tunisie, amicales et sincères.C'est un homme fin, loyal et modéré. C'est aussi un homme fidèle en amitié.Je n'ai jamais oubliél'attention affectueuse dont il avait fait preuve auprès de ma mère malade, à l'époque où j'étais en exil et où il exerçait encore à l’hôpital. Il ne s'est jamais rien passé entre nous. Chaque fois que j'ai rencontré Ben Ali, j'ai défendu Mustapha et pas seulement lui d'ailleurs. Cela avait sans doute un peu servis dans la légalisation de son parti. A l'exception d'Abdelaziz Ben Diah, beaucoup au palais était contre la reconnaissance du "Forum démocratique pour le travail et les libertés". Un dernier mot sur lui, lorsque je suis rentré pour la première fois en Tunisie, en avril 2000, je lui ai posé la question au sujet du CNLT, en présence d'un ami, T.Z. Il m'a répondu qu'il n'a jamais été question de moi au sein du CNLT et qu'il n'était pas du tout au courant de ma candidature!
La suite dans quelques jours .....
2 eme Partie : Tarek Aziz, Danièle Mitterrand et Mahmoud Darwich....